Cela faisait maintenant quatre semaines que j'avais mis Heaven de côté. Certes, je les considérais comme une famille, mais j'avais besoin de rester tranquille pour m'occuper de Tokiya. Lorsque je l'avais trouvé, le jeune loup était plutôt faible. Il n'avait pas été battu ou violé, mais on lui avait donné très peu à manger, et pour un individu aussi jeune, il avait eu de la chance d'y survivre. Je le ramenai alors chez moi où je commençai à lui procurer des soins. Ce n'était là rien de très compliqué, seulement le nourrir et le laisser se reposer. J'y veillai avec attention, non sans me poser une foulée de questions.
Lorsque le jeune enfant se réveilla, ce qui m'étonna le plus fut qu'il ne montra jamais aucun signe de peur à mon égard, bien au contraire. Sa tendresse et son innocence avaient effacé toute trace d'agressivité chez moi, et plus d'une fois je me surpris à constater que je tenais vraiment à lui. Une fois qu'il fut totalement remis, je pus avoir tout le loisir de faire plus amplement sa connaissance.
Il s'appelait Tokiya, et faisait partie d'une meute d'ookamis vivant dans la forêt de Shinzen. Des braconniers l'avaient capturé alors qu'il s'était éloigné du campement de la meute, et l'avaient vendus à l'ignoble bande de trafiquants qui l'avaient alors traîné derrière lui. Il ne devait sa survie qu'au fait qu'ils possédaient un grand nombre d'hybrides et qu'ils n'avaient pas eu le temps de le vendre avant mon intervention. En considérant qu'ils ne revendaient qu'à des gens qui tuaient forcément les hybrides, on pouvait dire que Tokiya l'avait échappé belle.
C'est alors qu'un jour je décidai de le ramener aux siens, quand il fut totalement remis. Cela l'attrista et me provoqua mon premier pincement au coeur, mais je lui promis alors de passer le voir le plus souvent possible. Au fond de moi, je savais que je n'étais pas du tout apte à m'occuper de lui. En marchant dans la forêt, alors que je lui tenais la main, je le sentis se presser contre moi. Qu'est-ce qui pouvait bien autant l'angoisser? Sans le savoir, je continuai de marcher vers le campement qui au loin se dessinait.