Un prédateur en chasse... [PV NOCTIS CRIMSON]

Il faisait nuit noire, et la lune était bien haute dans le ciel, éclairant le parc. Tout était calme, y'avait pas un chat! Enfin plus ou moins... Y'avait un lynx! Ouip, j'étais caché, mais j'étais là!

J'observais, à plat ventre. J'avais une cible en vue. C'était un tout petit oiseau, sur une fontaine, au centre d'une petite place. J'avais attendu qu'il soit dos à moi, et dès qu'il se tourna hop, j'ai commencé à bondir dans sa direction. Je l'attrapai dans ma gueule avant d'atterrir dans l'eau peu profonde de la petite fontaine. Mais j'étais trop petit malgré tout. Je commençais à paniquer, l'oiseau avec lequel je voulais jouer fuyant sans m'aider.
Je me débattais n'importe comment sans arriver à attraper le rebord, et le pire, c'est que j'avalais tout plein d'eau...

Noctis était revenu d'une journée difficile. Il avait eu nombre de contrats à passer, surtout avec la municipalité concernant du nouvel équipement de surveillance urbaine, ainsi que des futurs perspectives de partenariat avec la police locale. En revenant chez lui, le jeune homme avait vite fait de prendre une douche, puis de se détendre devant la TV, un verre de whisky à la main.

Cette vie l'ennuyait... Il décida de sortir un peu, et opta pour Midori Park, où lors de son enfance il avait passé quelques rares moments heureux avec quelques-uns de ses cousins éloignées. En revenant sur les lieux qu'il ne reconnut pas, il fut tout de même pris d'une certaine nostalgie. Certes, il ne se rappelait pas vraiment des moments passés ici, car cela faisait plus d'une quinzaine d'années qu'il les avait vécu, mais il savait qu'il y avait été heureux. La joie... un sentiment, une émotion plutôt qu'il n'avait éprouvée que depuis trop longtemps.

C'est alors qu'en marchant parvint à ces oreilles le bruit d'éclaboussures d'eau. Il regarda la fontaine d'où venaient les sons. Il s'avança et vit quelque chose s'y débattre. Il l'attrapa et le sortit de l'eau, le regardant attentivement alors qu'il le tenait devant son visage.

Alors que je commençais à voir trouble et à ne plus pouvoir respirer, je me sentis soulevé au dessus de l'eau. Trop occupé à toussoter, je ne regardais pas tout de suite qui m'avait sauvé de la noyade. J'avais les larmes aux yeux tellement j'avais mal, juste là, à l'intérieur du torse.

Je levais ensuite la tête et, voyant des yeux rouges me regarder, je sursautai. À l'odeur, il avait l'air humain, pourtant son regard m'indiquait tout le contraire. Je savais que les humains ne comprenaient pas le langage des miaous, mais je voulais tout faier pour être sain et sauf, que le monsieur ne me fasse pas de mal. Je posais donc mes petites pattes sur ses joues en baissant les oreilles, voulant lui dire que je n'étais pas dangereux, même si ça devait se voir...

J'avais surtout très peur qu'il me mette à l'animalerie, ou qu'il me mette en cage. OU PIRE! Qu'il me donne à des enfants...

Un petit chat... Ou du moins, c'est ce qu'il parut être à mes yeux à première vue. Mais en y regardant de plus près je m'aperçus des longs poils sur les oreilles et sous la mâchoire, malgré le fait que son pelage soit tout trempé. Non, il s'agissait sûrement d'une autre espèce de félin.

C'est alors qu'il baissa les oreilles et posa ses petites pattes sur mes joues. Je ne connaissais pas le langage des félins, mais je savais que comme la plupart des animaux, ils attaquaient les oreilles en arrière. La petite bête n'était donc pas agressive envers moi, et tant mieux pour elle.

Après l'avoir regardé quelques instants, je le posai à nouveau sur le rebord de la fontaine. Ce soir, je n'étais pas d'humeur à semer la terreur. Je voulais juste de la paix et du calme. Après l'avoir encore regardé quelques instants, je me décidai à le laisser là et tournai le dos afin de reprendre ma balade nocturne.

Ses yeux rouges me détaillèrent un moment, et comme je ne voyais qu'eux, je ne bougeai pas du tout. Je voulais quand même savoir à qui j'avais à faire, c'était peut être mon sauveur, mais s'il m'avait sauvé pour mieux me torturer, moi, j'en voulais pas hein!

Il me déposa alors sur le rebord de la fontaine avant de se retourner et de partir. Et moi, je trembloter sur mon petit perchoir. Il faisait frais et le vent qui soufflait sur mes poils tout mouillés me faisait grelotter. Physiquement, on ne pouvait pas dire que ça allait très très bien... Mais moralement, je n'étais pas au plus bas.

Le monsieur, il m'avait sauvé, sans savoir qui j'étais, et il me demandait rien en échange. Ça prouvait quand même qu'il était gentil. Je le regardais s'éloigner en me secouant, pour enlever le plus d'eau possible de mes poipoils, et lorsqu'il fut assez loin, je me mis à le suivre discrètement. Je me cachais comme je pouvais dans les buissons derrière les troncs, ne laissant dépasser que ma tête à chaque fois, pour pouvoir le regarder.

Je ne voyais pas grand chose de lui, la lune ne l'éclairant que très peu. Il avait l'air beau en tous cas. Le seul souci, c'est qu'il était humain. C'est ce qui m'empêchait d'aller le voir de moi même. J'avais trop peur de m'approcher d'eux, alors je préférais l'observer, le temps de m'habituer à sa présence, et surtout de vérifier qu'il est vraiment gentil...

Je continuais ma promenade dans le parc après cette étrange petite rencontre. Que faisait cet animal dans la fontaine? Je l'ignorais, mais il n'était pas venu y prendre un bain, vu qu'il ne semblait pas savoir nager. Oubliant cette mésaventure, je m'assis sur un banc.

Je levai la tête vers le ciel et regardai les étoiles, pensant à ce qu'était devenu ma vie depuis la mort de mon père. Il était évident que j'aurais pu en faire quelque chose de mieux... mais le voulais-je réellement? Non. Quelle raison pouvais-je bien avoir de vouloir faire mieux, alors que je vivais plutôt bien comme ça?

C'est alors que je vis au pied d'un tronc d'arbre deux petits yeux qui m'observaient. Le chaton de tout à l'heure ne m'avait pas lâché... Qu'est-ce qu'il me voulait?

Je le suivais toujours, me faisant vraiment discret, et l'observais tranquillement. Il s'assit sur un banc et je m'arrêtais donc derrière un tronc d'arbre pour ne pas être vu. Il semblait totalement perdu dans ses pensées. Il n'avait pas l'air dangereux en fin de compte. Ses yeux me faisaient un peu peur et je me demandais ce qu'ils pouvaient bien cacher. Ce monsieur m'intriguait vraiment, et j'étais devenu vraiment curieux.

Moi qui ai toujours vécu tout seul, il semblait aussi solitaire que moi. Et tout aussi malheureux, si ce n'était plus. J'avais un peu mal, de voir quelqu'un regarder le ciel aussi tristement.
Je savais que c'était mal poli de l'espionner ainsi, et bientôt, il tourna la tête vers moi. Terrorisé à l'idée d'être découvert, je me tapis au sol pour me cacher, espérant ne pas avoir été repéré. Mince, j'étais idiot... J'avais envie de lui parler, ou du moins faire sa connaissance, et je me cachais... C'était tellement nul... Je me redressais donc et le regardai dans les yeux. Oui, il m'avait bien vu. Je baissais les oreilles, tout honteux, et m'approchais tout doucement avant de sauter sur le banc à coté de lui. Je grelottais encore, mes poils toujours mouillés, me demandant si je ne le dérangeais pas trop.

Le petit animal qui m'avait suivi chercha à se dérober de mon regard lorsque ce dernier se posa sur lui. Timide, craintif... Certes, il avait de quoi l'être. Lorsqu'on faisait sa taille, dans un monde aussi cruel que le nôtre, il valait mieux opter pour ce genre de stratégie. Une question me vint alors à l'esprit, par pure curiosité. Était-il perdu, loin d'une meute ou de quelqu'un qui avait pour habitude de s'occuper de lui ou bien vivait-il seul?

Alors que je secouai la tête afin de chasser de mon esprit ces interrogations futiles, il s'approcha de moi, oreilles baissées. En temps normal je l'aurai chassé sans ménagement, mais pas ce soir. Décidément, la mélancolie que m'inspirait ces lieux était trop importante, et je n'avais pas le coeur à m'adonner à quelque violence. Je jetais un coup d'oeil à lui et m'aperçut qu'il tremblait encore. Avoir le pelage mouillé une nuit d'hiver devrait être fatale, pour un chaton de son âge...

Soupirant, je le pris afin de le mettre sur moi, le séchant avec les manches de mon manteau en le frictionnant.

Il me prit doucement sur ses genoux et commença à me sécher avec ses manches. Je le regardais, totalement admiratif. Il était si bon, il était prêt à se mouiller, et à se salir pour que je me sente mieux. Ce n'était pas le cas de beaucoup d'humain, et j'avais un peu de mal à croire qu'il en était un. Mon odorat devait se tromper, ce n'était pas possible autrement. Je reniflais une dernière fois ses mains. Non, pas de doute possible.

Je me roulais alors en boule sur ses genoux, me blottissant contre son ventre, pour voir sa réaction. Je voulais savoir s'il était vraiment différent des autres, s'il voudrait me câliner pour ensuite m'enfermer dans sa maison, voir dans une cage.

Je le regardais toujours, très attentif. Je n'étais pas franchement câlin, je n'aimais pas trop qu'on me touche d'ailleurs, mais il fallait que je sache qui il était.

Il s'était allongé en boule contre mon ventre... Que faire? Je n'avais pas vraiment d'idée de comment réagir face à ça... Il fallait dire que le relationnel n'était pas vraiment ma tasse de thé mais étrangement, plus je fréquentais le petit animal, plus j'avais envie de m'en rapprocher...

Je me contentais donc de passer une main sur sa tête, appuyant le moins possible dessus. Voilà qui aurait pu paraître étrange à quiconque me connaissait et me verrai en ce moment, mais je savais que si ça arrivait je n'en aurais que faire.

Se faisant, je fixais le vide, m'imaginant de drôle de choses... Et si j'offrais de la place à une personne dans ma vie? Si je permettais à quelqu'un de voir mes faiblesses, de me découvrir sans le masque de colère et de violence dont à l'habitude je me parais? Plus j'y pensais, plus l'idée me parut singulière... Plus je regardais le chaton, plus elle sembla attirante...

Je le regardais. Il avait juste passé sa main sur ma tête, très délicatement. Il avait fait ça tout en douceur, comme si j'étais fragile. Certes, je l'étais, mais si peu de personnes semblaient le voir, ou y faire attention... C'était si agréable sur le coup, que je fermais les yeux en ronronnant. C'est là que je me trouvais idiot. Non mais, j'étais pas un chaton moi! Mais j'aimais tellement ça...
Je me blottissais un peu plus contre lui, profitant de sa chaleur pour me réchauffer. Il était bien étrange ce monsieur. Maintenant que j'étais plus près, je pouvais mieux le voir. Ses yeux rouges ne me faisaient plus peur, ils étaient bien beaux en fait, une fois la surprise passée. Et puis, j'aimais bien son regard aussi. Je sais pas trop comment on pouvait dire qu'il était. Un peu triste peut être. Mais attentif en même temps. C'était trop bizarre. Je savais pas trop comment l'expliquer.

Et puis je me levais et m'étirais. Je ne voulais pas déranger ce pauvre monsieur avec ma présence. Après tout, si moi j'adorais ma liberté, lui la voulait peut être aussi. Je me mis donc près de lui, pour le laisser se lever s'il voulait partir, et lui léchais doucement les doigts en ronronnant.

J'étais tranquillement en train de lui lécher les doigts quand il me caressa à nouveau, tout doucement. Il était tendre et c'était bien agréable. Je ne m'étais jamais senti bien avec un humain, auparavant, c'était même soulageant de savoir que c'était finalement possible. Qu'ils ne sont pas tous des monstres sanguinaires adorant la torture, les expériences etc...
Je me sentais libre près de lui, autant que lorsque j'en étais loin. C'était reposant comme sensation... C'était comme si... J'avais un ami... Ou de la famille... Moi qui avait toujours étais seul, je trouvais cela bien agréable.

Il me demanda alors si je voulais dormir sous un toit. J'étais surpris et je ne savais pas quoi répondre, ni comment. Je n'avais pas repris forme humaine depuis l'âge de sept ou huit ans, et j'hésitais à la reprendre pour lui. Mais je me disais qu'il valait mieux attendre un peu encore, peut être qu'il ne me traitait pas mal parce que j'étais un animal, s'il apprenait que j'étais un hybride, que pourrait-il bien me faire...?

J'étais vraiment heureux de sa proposition et je me mis sur ses genoux en ronronnant, frottant ma tête contre son ventre pour lui dire que j'étais d'accord.
C'est à ce moment là que je sentis la présence d'un chien dans les parages. Je reconnaissais cette odeur ! C'était un chien qui errait toujours dans le coin, et me coursait toujours quand il me voyait!
Je tremblais un peu de peur et me blottis contre le ventre du monsieur, la tête enfouie dans sa veste, comme si cela suffisait à ce que le chien ne puisse me voir. Bien entendu, il m'avait vu, et restant un peu éloigné grâce à la présence du monsieur, il commença à grogner sur moi.

Visiblement, le jeune félin acceptait ma proposition, puisqu'il était venu se pelotonner sur mes genoux en ronronnant et en cherchant d'avantage de câlins. Étrangement, j'y éprouvais quelque soulagement que sa réponse fut positive. Et puis, s'il avait pu comprendre ma question, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose: il était un hybride.

Je n'eus pas le temps de réfléchir d'avantage que je vis un énorme chien noir. Il s'avançait vers moi, l'air menaçant, grognant et montrant les crocs, le poil hérissé. Que ce soit ma présence, ou celle du chaton -qui d'ailleurs cachait sa tête dans mon manteau tout en tremblotant- qui provoquait cette réaction chez lui, j'étais bien décidé à ne pas le laisser attaquer.

Je n'avais pas à bouger pour me défendre, juste rester immobile. Un éclair apparut du sol, et vint frapper la bête au menton, la faisant japper de douleur et reculer. Allait-elle comprendre le message et s'enfuir, ou bien était-elle décidé à y laisser la vie?

Je ne le voyais pas, mais je sentais bien que le méchant chien s'approchait. C'est alors que je l'entendis couiner et il grogna plus fort ensuite. Je tournais ma petite tête vers lui pour regarder ce qui s'était passé, curieux. Le chien, bah il semblait plus enragé, et pourtant il n'avait rien ! Il reculait, rageant, avant de s'enfuir. Je comprenais riiiieeeen du tout! Il était peut être malade? En tout cas, c'était mieux ainsi, comme ça il ne pouvait pas me faire du mal, ou même au gentil monsieur. Le fait que je sois avec lui devait le mettre en danger, et ça, c'était pas très très gentil quand même, de ma part...

Il m'aidait et moi je le mettais dans une mauvaise situation... J'avais un peu honte, alors que c'était la première fois que je rencontrais un humain qui avait l'air gentil... J'aurai bien voulu avoir plus de preuves qu'il ne me fasse pas de mal... J'étais pas quelqu'un qui donnait sa confiance à n'importe qui moi ! C'est vrai quoi, à qui j'avais donnait ma confiance avant...? Personne je crois bien...

Et puis, je verrai bien si ce que disait le monsieur était vrai. Si c'était bien juste pour la nuit, et que je serai toujours libre de partir après. Je verrai bien s'il est digne de confiance ou non, après tout. Je lui gratouillais un peu la main, timidement. éwè

La bête avait finit par fuir. Je m'étais retenu de l'étriper afin de ne pas choquer outre mesure mon jeune compagnon et fort heureusement, elle n'avait pas insisté. Je poussai un bref soupir de soulagement, non pas d'avoir échappé à l'affrontement mais plutôt de ne pas avoir eu à faire couler de sang devant l'adorable chaton. Je le pris ensuite dans mes bras avant de me lever.

-Je pense qu'il est temps qu'on rentre non? Avant que d'autres ennuis ne nous tombent dessus...

Le problème c'était que rentrer au château du clan nous en apporterait d'autres, d'ennuis. Certes, j'avais les hybrides qui y servaient bien en main, mais ils n'auraient jamais laissé le jeune félin tranquille une fois que j'avais le dos tourné et de ce que j'avais vu, ce dernier n'était pas vraiment doué pour se défendre.

Fort heureusement, il me restait un endroit où aller. Qui plus est, ce dernier n'était pas vraiment situé bien loin du parc, le boulevard Seikatsu n'étant qu'à quelques pâtés de maison de là. Je me mis alors en marche vers cette endroit, tandis que je tenais mon jeune ami dans mes bras.